Prieuré Moile de Suzémont de Morancourt
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 Saint Thomas: Somme Théologique

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Angelina
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Nombre de messages : 75
Date d'inscription : 12/09/2005

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MessageSujet: Saint Thomas: Somme Théologique   Saint Thomas: Somme Théologique EmptyMer 14 Sep - 17:04

SOMME THEOLOGIQUE


PRIMA PARS

Le docteur de la vérité catholique doit non seulement enseigner les plus avancés, mais aussi instruire les commençants, selon ces mots de l’Apôtre (1 Co 3, 1-2) : “Comme à de petits enfants dans le Christ, c’est du lait que je vous ai donné à boire, non de la nourriture solide. ” Notre intention est donc, dans cet ouvrage, d’exposer ce qui concerne la religion chrétienne de la façon la plus convenable à la formation des débutants.
Nous avons observé en effet que, dans l’emploi des écrits des différents auteurs, les novices en cette matière sont fort empêchés, soit par la multiplication des questions inutiles, des articles et des preuves ; soit parce que ce qu’il leur convient d’apprendre n’est pas traité selon l’ordre même de la discipline, mais selon que le requiert l’explication des livres, ou l’occasion des disputes ; soit enfin que la répétition fréquente des mêmes choses engendre dans l’esprit des auditeurs lassitude et confusion.
Désirant éviter ces inconvénients et d’autres semblables, nous tenterons, confiants dans le pouvoir divin, de présenter la doctrine sacrée brièvement et clairement, autant que la matière le permettra.


QUESTION I : LA DOCTRINE SACRÉE. QU’EST-ELLE ? A QUOI S’ÉTEND-ELLE ?

En vue de délimiter exactement le champ de nos recherches, nous devons d’abord traiter de la doctrine sacrée elle-même, nous demandant ce qu’elle est, et quel est son domaine.
1. Une telle doctrine est-elle nécessaire ?
2. Est-elle une science ?
3. Est-elle une ou multiple ?
4. Est-elle spéculative ou pratique ?
5. Quels rapports entretient-elle avec les autres sciences ?
6. Est-elle une sagesse ?
7. Quel est son sujet ?
8. Argumente-t-elle ?
9. Doit-elle employer des métaphores ou des expressions symboliques ? 10. Les textes de l’Écriture sainte, dans cette doctrine, doivent-ils être expliqués selon plusieurs sens ?


Article 1 : Une telle doctrine est-elle nécessaire ?

Objections :

1. Il semble qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir une autre doctrine que les disciplines philosophiques. Pourquoi faire effort en effet vers ce qui dépasse la raison humaine ? “ Ne cherche pas plus haut que toi ”, nous dit l’Ecclésiastique (3, 23). Or, ce qui est à portée de la raison nous est communiqué de manière suffisante dans les disciplines philosophiques. Il paraît donc superflu de recourir à une autre doctrine.

2. Il n’y a de science que de l’être, car on ne peut avoir de connaissance que du vrai, qui lui-même est convertible avec l’être. Or, dans les disciplines philosophiques, on traite de toutes les modalités de l’être, et même de Dieu ; d’où vient qu’une branche de ce savoir est appelée théologie, ou science divine, comme le montre Aristote. Il n’est donc pas nécessaire d’ajouter aux disciplines philosophiques une autre doctrine.
En sens contraire, S. Paul dit (2 Tm 3,16 Vg) : “ Toute Écriture divinement inspirée est utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice. ” Or, une Écriture divinement inspirée n’a rien à voir avec les disciplines philosophiques, qui sont des œuvres de la raison humaine ; c’est donc qu’une autre doctrine, celle-là d’inspiration divine, a bien sa raison d’être.
Réponse : Il fut nécessaire pour le salut de l’homme qu’il y eût, en dehors des sciences philosophiques que scrute la raison humaine, une doctrine procédant de la révélation divine. Le motif en est d’abord que l’homme est destiné par Dieu à atteindre une fin qui dépasse la compréhension de son esprit, car, dit Isaïe (64, 3), “ l’œil n’a point vu, ô Dieu, en dehors de toi, ce que tu as préparé à ceux qui t’aiment ”. Or il faut qu’avant de diriger leurs intentions et leurs actions vers une fin, les hommes connaissent cette fin. Il était donc nécessaire, pour le salut de l’homme, que certaines choses dépassant sa raison lui fussent communiquées par révélation divine.
A l’égard même de ce que la raison était capable d’atteindre au sujet de Dieu, il fallait aussi que l’homme fût instruit par révélation divine. En effet, la vérité sur Dieu atteinte par la raison n’eût été le fait que d’un petit nombre, elle eût coûté beaucoup de temps, et se fût mêlée de beaucoup d’erreurs. De la connaissance d’une telle vérité, cependant, dépend tout le salut de l’homme, puisque ce salut est en Dieu. Il était donc nécessaire, si l’on voulait que ce salut fût procuré aux hommes d’une façon plus ordinaire et plus certaine, que ceux-ci fussent instruits par une révélation divine.
Pour toutes ces raisons, il était nécessaire qu’il y eût, en plus des disciplines philosophiques, œuvres de la raison, une doctrine sacrée, acquise par révélation .

Solutions :

1. Il est bien vrai qu’il ne faut pas chercher à scruter au moyen de la raison ce qui dépasse la connaissance humaine, mais à la révélation qui nous en est faite par Dieu nous devons accorder notre foi. Aussi, au même endroit, est-il ajouté : “ Beaucoup de choses te sont montrées qui dépassent la compréhension humaine.” C’est en ces choses que consiste la doctrine sacrée.

2. Une diversité de “ raisons ”, ou de points de vue, dans ce que l’on connaît, détermine une diversité de sciences. Ainsi est-ce bien une même conclusion que démontrent l’astronome et le physicien, par exemple, que la terre est ronde ; mais le premier utilise à cette fin un moyen terme mathématique, c’est-à-dire abstrait de la matière, tandis que le second en emploie un qui s’y trouve impliqué. Rien n’empêche donc que les objets mêmes dont traitent les sciences philosophiques, selon qu’ils sont connaissables par la lumière de la raison naturelle, puissent encore être envisagés dans une autre science, selon qu’ils sont connus par la lumière de la révélation divine. La théologie qui relève de la doctrine sacrée est donc d’un autre genre que celle qui est encore une partie de la philosophie.
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Angelina
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MessageSujet: Re: Saint Thomas: Somme Théologique   Saint Thomas: Somme Théologique EmptyMer 14 Sep - 17:08

Article 2 : La doctrine sacrée est-elle une science ?

Objections :

1. Toute science procède de principes évidents par eux-mêmes. Or les principes de la doctrine sacrée sont les articles de foi, qui ne sont pas de soi évidents, puisqu’ils ne sont pas admis par tous. “ La foi n’est pas le partage de tous ”, dit l’Apôtre (2 Th 3, 2). La doctrine sacrée n’est donc pas une science.

2. Il n’y a pas de science du singulier. Or, la doctrine sacrée s’occupe de cas singuliers, par exemple des faits et gestes d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et d’autres choses semblables. Elle n’est donc pas une science.
En sens contraire, S. Augustin dit : “ A cette science appartient cela seulement par quoi la foi très salutaire est engendrée, nourrie, défendue, corroborée ”, rôles qui ne peuvent être attribués qu’à la doctrine sacrée. Celle-ci est donc une science.
Réponse : A coup sûr la doctrine sacrée est une science. Mais, parmi les sciences, il en est de deux espèces. Certaines s’appuient sur des principes connus par la lumière naturelle de l’intelligence: telles l’arithmétique, la géométrie, etc. D’autres procèdent de principes qui sont connus à la lumière d’une science supérieure: comme la perspective à partir de principes reconnus en géométrie, et la musique à partir de principes connus par l’arithmétique. Et c’est de cette façon que la doctrine sacrée est une science. Elle procède en effet de principes connus à la lumière d’une science de Dieu et des bienheureux. Et comme la musique fait confiance aux principes qui lui sont livrés par l’arithmétique, ainsi la doctrine sacrée accorde foi aux principes révélés par Dieu.

Solutions :

1. Les principes de toute science, ou sont évidents par eux-mêmes, ou se ramènent à la connaissance d’une science supérieure. Et ce dernier cas est celui des principes de la doctrine sacrée, comme on vient de le dire.

2. S’il arrive que des faits singuliers soient rapportés dans la doctrine sacrée, ce n’est pas à titre d’objet d’étude principal: ils sont introduits soit comme des exemples de vie, qu’invoquent les sciences morales, soit pour établir l’autorité des hommes par qui nous arrive la révélation divine, fondement même de l’Écriture ou de la doctrine sacrée.
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Angelina
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MessageSujet: Re: Saint Thomas: Somme Théologique   Saint Thomas: Somme Théologique EmptyMer 14 Sep - 17:10

Article 3 : La doctrine sacrée est-elle une ou multiple ?

Objections :

1. Selon Aristote, une science “ une ” n’a pour sujet qu’un seul genre. Or, le créateur et la créature, dont il est question dans la doctrine sacrée, ne sont pas des sujets contenus dans un même genre. La doctrine sacrée n’est donc pas une science “ une ”.

2. Dans la doctrine sacrée, on traite des anges, des créatures corporelles, des mœurs humaines, toutes choses qui appartiennent à diverses sciences philosophiques. La doctrine sacrée ne peut donc être, elle non plus, une science “ une ”.
En sens contraire, l’Écriture parle de cette doctrine comme d’une science unique; ainsi dit-elle (Sg 10, 10) : “ La sagesse lui donna (à Jacob) la science des choses saintes. ”

Réponse :

La doctrine sacrée est bien une science une. L’unité d’une puissance de l’âme ou d’un habitus se prend, en effet, de son objet ; non pas de son objet considéré matériellement, mais envisagé du point de vue de sa raison formelle d’objet; l’homme, l’âne, la pierre, par exemple, se rencontrent dans l’unique raison formelle du coloré, qui est l’objet de la vue. Donc, puisque l’Écriture sainte envisage certains objets en tant que révélés par Dieu, ainsi qu’on vient de le voir tout ce qui est connaissable par révélation divine s’unifie dans la raison formelle de cette science et de ce fait, se trouve compris dans la doctrine sacrée comme dans une science unique.

Solutions :

1. La doctrine sacrée ne met pas Dieu et les créatures à égalité lorsqu’elle en traite; c’est de Dieu principalement qu’elle s’occupe, et lorsqu’elle parle des créatures, elle les envisage selon qu’elles se rapportent à Dieu, soit comme à leur principe, soit comme à leur fin. L’unité de la science est donc sauve.

2. Rien n’empêche que des puissances de l’âme ou des habitus de rang inférieur soient diversifiés par rapport à des matières qui se trouvent unifiées en face d’une puissance ou d’un habitus de rang supérieur, car une puissance de l’âme ou un habitus, s’il est d’un ordre plus élevé, considère son objet sous une raison formelle plus universelle. Par exemple le “ sens commun ” a pour objet le sensible, qui embrasse le visible et l’audible; ainsi, bien qu’il soit une seule puissance, s’étendit à tous les objets des cinq sens. De même, l’unique science sacrée est en mesure d’envisager sous une même raison formelle, c’est-à-dire en tant que divinement révélables, des objets traités dans des sciences philosophiques différentes; ce qui fait que cette science peut être regardée comme une certaine impression de la science de Dieu elle-même, une et simple à l’égard de tout.
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Angelina
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MessageSujet: Re: Saint Thomas: Somme Théologique   Saint Thomas: Somme Théologique EmptyMer 14 Sep - 17:11

Article 4 : La doctrine sacrée est-elle spéculative ou pratique ?

Objections :

1. Il semble que la doctrine sacrée soit une science pratique, car, selon Aristote une science pratique a pour but l’action. Or la doctrine sacrée est adonnée à l’action: “ Mettez la Parole en pratique au lieu de l’écouter seulement ”, nous dit S. Jacques (1, 22). La doctrine sacrée est donc une science pratique.

2. La doctrine sacrée se divise en loi ancienne et loi nouvelle. Or, une loi est affaire de science morale, c’est-à-dire de science pratique. C’est donc que la doctrine sacrée appartient à cette catégorie.
En sens contraire, toute science pratique se rapporte à des œuvres qui peuvent être accomplies par l’homme: ainsi la morale concerne les actes humains, la science de l’architecte les constructions. Or la doctrine sacrée porte avant tout sur Dieu, dont les hommes apparaissent plutôt comme ses œuvres à lui; elle n’est donc pas une science pratique, mais davantage une science spéculative.

Réponse :

Nous avons dit que la doctrine sacrée, sans cesser d’être une, s’étend à des objets qui appartiennent à des sciences philosophiques différentes, à cause de l’unité de point de vue qui lui fait envisager toutes choses comme connaissables dans la lumière divine. Il se peut donc bien que, parmi les sciences philosophiques, les unes soient spéculatives et d’autres pratiques; mais la doctrine sacrée, pour sa part, sera l’une et l’autre, de même que Dieu, par une même science, se connaît et connaît ses œuvres.
Toutefois la science sacrée est plus spéculative que pratique, car elle concerne plus les choses divines que les actes humains n’envisageant ceux-ci que comme moyens pour parvenir à la pleine connaissance de Dieu, en laquelle consiste l’éternelle béatitude.
Et par là, Réponse est donnée aux Objections.
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